Enquête : Quand les petites villes se surveillent**
Depuis plusieurs années, les caméras se sont installées dans le paysage de notre vie quotidienne. Longtemps réservées aux grandes villes, elles commencent à s’implanter dans des endroits plutôt calmes, les villages.
Les caméras nous confortent dans un sentiment de sécurité mais aucun chiffre sérieux ne démontre leur efficacité. Pour vendre leurs produits, les investisseurs n’hésitent pas à jouer sur les peurs, la fameuse "peur de l’insécurité", et proposent les caméras comme étant la solution à tous les maux de la société (business is business).
Nice est la ville la plus surveillée de France, avec plus de 1200 caméras mais pas la plus sûre. En effet, la vidéo surveillance sert beaucoup à verbaliser le stationnement. C’est également dans cette ville, transformée en «laboratoire de la surveillance », que l’on a expérimenté les caméras à reconnaissance faciales, qui grâce à une lecture biométrique de votre visage, permet de connaître votre identité, où vous êtes, quand, ce que vous faites et avec qui. Pour l’instant, ce type de caméras est interdit en France, mais le gouvernement pourrait les développer pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 (mais on préfère vous parler de l’inflation sur le coût de l’organisation des JO…).
Personne n’est vraiment d’accord pour fixer un chiffre. En tout cas, selon une étude du CNRS, 3 à 4 % des affaires judiciaires sont résolues grâce à l’aide des caméras, ce qui est relativement peu en regard de l’investissement onéreux occasionné. Alors pourquoi les mairies investissent dedans ? Par la pression de l’électorat souvent peu informé et parce qu’il est plus facile d’installer des caméras que de régler le problème de la délinquance à la racine, grâce aux cellules de veilles éducatives.
Le marché de la surveillance représente une mine d’or pour les investisseurs, dont nous sommes les produits mais également les victimes. Plus une population s’informe sur le sujet des caméras, plus elle rechigne à leur installation. Ces industriels ont tout à gagner de notre ignorance.